A JOURNEY WITH TEA

 Chapitre 8

 
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Comment explorer le chapitre 8

Dans ce chapitre, nous explorons l'histoire oubliée des femmes responsable de la transmission du thé et de la pratique chadao, depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui. Nous explorerons l’histoire des femmes, de Chine, du Japon et d'ailleurs, ayant suivies la voie du thé, ou connectées au thé, à la poésie, au daoisme ou au zen. Vous trouverez aussi une section sur des femmes inspirantes de lignées chinoises et japonaises avec lesquelles j’ai au l’occasion d’explorer la voie du thé.

Je vous recommande de débuter votre exploration avec le fichier audio “ Chapitre 8 - Les femmes de Chadao “ puis de poursuivre avec les textes supportant le chapitre. Vous trouvez plus bas, à la fin du chapitre, une vidéo d’un rituel du thé.

Belle exploration.


 
Oeuvre réalisée avec du thé pu’er, par Snow Seychelle

Oeuvre réalisée avec du thé pu’er, par Snow Seychelle

 

L'histoire des femmes de Chadao

Il existe un lien essentiel entre notre amour du thé et notre amour de la nature. À travers l'histoire du thé, nous apprenons l'histoire de l'harmonie, de l'alchimie, de l'équilibre.

Comme beaucoup de femmes, j'ai été initiée à la voie du thé principalement par des hommes. Lorsque nous explorons l’histoire du thé, nous remarquons que la présence des femmes et leur influence sur la pratique a été oublié, effacé, ignoré. Lorsque la plante Camellia Sinensis a été découverte pour la première fois, durant la dynastie Shang, les feuilles étaient utilisées comme médecine. Le thé n'était pas encore considéré comme une « pratique spirituelle » ou comme un breuvage populaire. Les premiers documents trouvés sur le thé en tant que voie et pratique spirituelle datent d'une époque où la position des femmes en Chine (et au-delà) était façonnée par les idées et les normes confucéennes. Le pouvoir, qui appartenait autrefois à la Mère, le pouvoir Matriarche, a été transféré des femmes aux hommes depuis la Chine Impériale. La voie originelle de l’équilibre, le Dao, l'idée que Yin soutient Yang, la Terre soutient la croissance, a été bouleversée depuis. Les voix et histoires des femmes dans l’univers du thé sont devenues invisibles, considérées comme « sans importance » . La voie du thé est devenu principalement dominé par les hommes.

Pour nous souvenir du chemin de l'équilibre, de l'harmonie, de l'alchimie, de la création - nous devons nous rappeler que la force Yin soutient la force Yang, la Terre soutient la Croissance, l'inspiration soutient l’expiration. Nous devons également nous rappeler que la Mère et le Père ont donné naissance aux dix mille mystères de la Nature, ensemble.

Avec l'aide de femmes inspirantes de Chine et du Japon, j'ai créé ce chapitre pour partager avec vous l'histoire matrilinéaire oubliée du thé.

Les ancêtres féminins du thé en Chine

Au cours de la Chine ancienne et impériale, les femmes étaient interdites de participer à divers domaines de la vie sociale, en raison de la division stricte des sexes. Le rituel du thé était considéré comme une activité réservée aux « hommes ». Pour retracer la présence des femmes dans l'histoire du thé, il faut explorer l'histoire des femmes à travers le taoïsme, le chan, la poésie et le Jiaofang, une école haut de gamme pour filles en Chine, où elles étaient formées à la musique, à la danse, à la littérature, à la calligraphie, les échecs et le service du thé. Pour retracer l’histoires de femmes liées au thé, nous pouvons également explorer le déséquilibre dont souffre la nature. Comme Meena Kumari l'a dit un jour: « Les femmes et la terre ont beaucoup à tolérer. »

chine ancienne

À travers la Chine ancienne, les femmes ayant eut l’occasion d’être connectées à la plante Camellia Sinensis étaient principalement de la noblesse, souvent considérées comme passives à cette époque, sous le contrôle de leurs tuteurs masculins. La femme était toutefois plus libre et vénérée durant la Chine ancienne que durant la Chine impériale.

Pendant la période néolithique, avant le pastoralisme et la première division sociale du travail, la société chinoise suivait la voie matrilinéaire. La culture Yangshao, qui existait le long du fleuve Jaune, de 5000 à 3000 avant JC, aurait été matrilinéaire. Des figurines féminines représentant des déesses et des symboles de fertilité ont été trouvées sur des sites de la culture Hongshan, qui existait de 4700 à 2900 avant JC. Des récipients avec des symboles représentant l'idée que la force Yin soutient la force Yang, appartenant à la culture Majiayao, ayant existé de 3000 à 2000 avant JC, sont également de belles preuves de l’importance donné aux femmes durant cette période.

Sous la dynastie de Zhou de l'Est (770 à 256 avant JC), une hiérarchie féodale stricte a affecté l’équilibre originelle et la société s’est transformé pour devenir patriarcale. Il était désormais considéré que « les hommes labourent, les femmes tissent », en d'autres termes, que « la position de la femme était à la maison », limitant la possibilité pour une femme d'avoir accès à ce qui était considéré comme des « pratiques masculines ». Il est donc difficile de trouver mention de femmes liées à la pratique Chadao pendant cette période.

La plupart des textes de cette époque soulignaient l’infériorité des femmes par rapport aux hommes. Cependant, les femmes ayant des liens familiaux avec des dirigeants importants ou les femmes de la noblesse jouaient parfois un important rôle dans les événements politiques et sociaux.

 
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Thé d’Hiver, par Snow Seychelle

Thé d’Hiver, par Snow Seychelle

 


Chine impériale

Pendant la Chine impériale, les idées confucéennes et la division stricte des sexes étaient guidées par le système patriarcal. Pendant la dynastie Qin et Han, on considérait qu'une femme vertueuse devait suivre les hommes de sa famille. Toutefois la dynastie Tang était considérée comme une « période dorée » pour les femmes, ayant plus facilement de liberté, contrairement à l’époque néo-confucianisme qui suivra.

Il était courant pendant la dynastie Tang d'envoyer des princesses de la maison impériale pour épouser des dirigeants étrangers pour forger des alliances politiques. Loin d'être des « objets » passifs d’échange, les princesses qui étaient envoyé à l’étranger devaient agir comme ambassadrices Tang et diplomates auprès de leur nouvelle communauté.

Au début de la dynastie Tang, la princesse Wencheng, nièce de l'empereur Taizong, épousa l'un des plus grands rois de l'histoire tibétaine, Songzan Gambo, pour ramener la paix entre Tang et le Tibet. Elle voyagea depuis Xi'an (la capitale de Tang) vers Lhassa (la capitale du Tibet), avec des feuilles de thé avec elle. Pour l'aider à s'acclimater à sa nouvelle vie, au sommet de l’Himalaya, elle avait pris l’habitude de faire bouillir des feuilles de thé, avec du beurre de yack et des épices tous les matins. La légende historique de la princesse Wencheng a influencé la vie des Tibétains, qui considéraient désormais le thé comme un élément d’intérêt pour échanger avec la Chine, un point en commun, une plante et pratique qui deviendra importante pour la culture Tibétaine. Une route permettant de voyager plus rapidement entre la Chine, le Tibet, et au delà, était désormais nécessaire, pour partager les feuilles de thé, ce qui donna naissance à la célèbre ancienne route Chamadao 茶馬道

Les femmes de la dynastie Tang apparaissent souvent dans les contes comme des forces inspirantes occupant des positions importantes au sein de la conscience sociale (chamans, prêtresses taoïstes, poétesses, concubines de dirigeants importants, courtisanes). D’ailleurs, pour être courtisane, il fallait être incroyablement instruite et alphabétisée. Les poétesses, prêtresses et femmes connectées au thé les plus admirées étaient souvent des courtisanes, qui devaient apprendre la poésie, la danse, le chant et l'art du thé, pour divertir leur clientèle, très souvent des dirigeants ou artistes important de l’époque.

JIAOFANG 教 坊

L'histoire florissante des courtisanes de la dynastie Tang était probablement due à la fondation d'une nouvelle administration gouvernementale appelée Jiaofang (教 坊), un quartier d'instruction et école haut de gamme pour filles, qui étaient formés à la musique, à la danse, à la littérature, à la calligraphie, aux échecs et au service du thé. Le système Jiaofang a duré plusieurs siècles, jusqu'au milieu de la dynastie Qing (1616-1911). Les courtisanes formées “Jiaofang” étaient considérées comme des « courtisanes officielles », offrant différentes formes de divertissements aux dirigeants et artistes importants de l’époque.

 
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Li Ye

Poète, courtisane, prêtresse taoïste et artiste du spectacle de la dynastie Tang, aussi connue sous son nom de courtoisie Li Jilan. Elle était reconnue pour son talent en poésie, pour son lien avec la pratique du thé et pour sa beauté. Elle était l’amante du célèbre Lu Yu, le premier ayant écrit un livre sur le thé (Le Classique du Thé), un héritage important dans l'histoire du thé. Il est possible qu'il ait reçu secrètement l'aide de Li Ye dans la création de ce livre, mais cette partie de l'histoire sera à jamais gardée en secret…

Li Ye était admirée pour son talent littéraire et elle fut convoquée à la cour de l'empereur Daizong de Tang pour composer de la poésie, de 766 à 779. En tant que courtisane, Li Ye était réputée pour sa beauté et sa grâce, son talent pour la poésie, la musique et la calligraphie. Elle était l'amie du célèbre poète et moine bouddhiste Jiaoran.

En tant qu'artiste, le rituel du thé faisait partie de ces offrandes. Dans les années tumultueuses de la fin de la dynastie Tang, en 784, elle fut forcée par le chef rebelle Zhu Ci à écrire des poèmes politiques dénigrant la maison impériale. Elle fut accusée de trahison puis condamnée à mort. Elle est l'une des très rares femmes de la dynastie Tang dont la poésie a survécu.

« Qu'est-ce qui est à la fois près et éloigné l’un de l’autre ?

L’Est et L’Ouest?

La profondeur et la surface d’un ruisseau?

Le soleil et la lune?

Un homme et une femme? “

- Li Ye

Durant l’époque de la Chine Impériale, une femme qui était intelligente, courageuse, talentueuse et belle — risquait souvent de voir sa réputation détruite ou même éventuellement d’être condamnée à mort.

 
“An Amorous Woman of Tang Dynasty” un film honorant la vie de Yu Xuanji

“An Amorous Woman of Tang Dynasty” un film honorant la vie de Yu Xuanji

 

Yu Xuanji

Célèbre poète de la fin de la dynastie Tang, et très connectée au thé. À l’époque, un thé a même été nommé en son honneur. Plusieurs de ses poèmes ont été inspirés par la voie du thé. Durant sa vingtaine, elle fut accusée de battre sa femme de ménage à mort - accusations qui étaient probablement fausses, reflétant la méfiance à l'égard des femmes courageuses et sexuellement indépendantes à l’époque de la Chine Impériale. Ses poèmes représentent une inspiration pour plusieurs femmes. Aujourd'hui, elle est considérée par beaucoup comme l’une des premières icônes féministes et reconnue comme la première femme ouvertement bisexuelle de Chine. Son histoire inspira beaucoup de contes et de films. En 1915, elle fut le sujet de la nouvelle « Gyogenki » de l'auteur japonais Mori Ogai. En 1984, un studio de production à Hong Kong a réalisé un film sur sa vie intitulé « An Amorous Woman of Tang Dynasty » (唐朝豪 放 女). En 1988, une chaîne de télévision de Hong Kong a réalisé une anthologie honorant son histoire, intitulée « Ces femmes célèbres de l'histoire de Chine » (歷代 奇女子).

“ Je confie mon amertume aux cordes cramoisies d’un luth,

Retenant la passion de mes pensées insupportables.

Il y a longtemps, je savais qu'une réunion nuageuse

ne donnerait jamais naissance à un cœur d'orchidée.

Longtemps Étrangère, mais plus pour longtemps,

guidée par la force de la volonté.

En suivant la voie de l’épanouissement et du déclin,

J’apprend à percevoir ma nature originelle. ”

- Yu Xuanji (844-68)

Pendant la dynastie Song, la montée du néo-confucianisme a eu un impact terrible sur le statut de la femme. À partir de cette période, les restrictions imposées aux femmes sont devenues plus prononcées.

 
Li Qingzhao, artiste inconnu

Li Qingzhao, artiste inconnu

 

Li Qingzhao

Poétesse de la dynastie Song, ayant écrit de nombreux poèmes liés au thé. Elle était mariée à Zhao Mingcheng, un célèbre poète et homme politique de la dynastie Song.

Li Qingzhao et Zhao Mingcheng aimaient tous les deux lire et collectionner des livres. Lorsque Zhao Mingcheng préparait le thé, il invitait Li Qingzhao à partager le thé avec lui. Ensemble, il inventa une sorte de jeu de mémoire fusionnant leur amour des livres et du thé. Dans ce jeu, un participant devait partager l’extrait d'un livre, invitant l'autre participant à deviner de quel livre cet extrait provenait. Si la réponse était juste, le « gagnant » pouvait boire la tasse de thé. Li Qingzhao avait une mémoire incroyable et gagnait tout le temps. C'est de cette façon qu’elle découvrit la voie du thé. La présence du thé dans la vie de Li Qingzhao est ressenti à travers sa poésie..

« La lumière délicate de la fin de l’automne traversant doucement par la fenêtre, les sycomores gentiment irrités par le froid qui vient la nuit. J'adore savourer la saveur forte et amère du thé et me réveiller au milieu d'un rêve pour profiter de l'arôme rafraîchissant de l'encens. " - Li Qingzhao

Pendant la dynastie Yuan, beaucoup de poèmes dépeignent la situation des femmes de l’époque impériale, souvent victimes de violence et d’injustice.

Pendant la dynastie Ming et Qing, une veuve était imposée de demeurer chaste. Une femme respectant cette règle était considérée comme admirable, comme une héroïne ou une martyre. Les principes confucéens étaient stricts, limitant les femmes à des activités qui pouvaient être menées à l'intérieur de la maison, comme le tissage. Une femme qui souhaitait se libérer de cette emprise, n’étant pas de statut élevé ou l’épouse d’un dirigeant important, était parfois tentée de devenir courtisane ou de joindre un temple taoïste comme religieuse, parfois les deux à la fois, afin d’avoir accès à plus de liberté.

 
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Liu Rushi

Courtisane et poétesse, connectée à la pratique du thé, ayant vécu pendant la transition des dynasties Ming et Qing. Son histoire est une inspiration, pour avoir été l’une des femmes les plus indépendantes de l'histoire des femmes chinoises. Souvent admirée pour avoir poussée les limites des rôles de genre de l'époque, s’habillant souvent “en homme” et vivant la vie d’ermite. Liu Rushi désirait conquérir le coeur du célèbre savant Qian Qianyi, et acheta un bateau pour voyager jusqu’à lui. L’air d’élégance et de nonchalence de Liu Rushi, ainsi que son talent en poésie, touchera le coeur de Qian Qianyi, qui un jour devint son mari. Liu Rushi refusait de se soumettre au règne du gouvernement Qing, souvent impliqué dans des mouvements anti-Qing. Mais sa relation à la nature et à la voie du thé peut être ressenti à travers sa poésie…

“ La brume effleure les prairies vertes dans la nuit fraîche.

Les cerises tombées assombrissent l'étang d'émeraude.

Et cette façon dont les saules ressemblent à des larmes.

Je me laisse donc emporter par cette brise printanière,

ce vent du changement, tel un rêve. ”

- Liu Shi (1618-1664)

 
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MEao sang / la Guanyin, un symbol intemporel

Meao Sang était une jeune femme faisant partie d’une famille royale. Alors que toutes ces soeurs étaient déjà mariées, elle refusa d’épouser un général important de l’époque. Meao Sang avait d’autre intention. Elle souhaitait se consacrer à son développement spirituel afin de servir sa communauté, en tant que guérisseuse. Elle renonça à son statut royale pour voyager à différents endroits afin de servir, offrir de l’aide, des conseils, du support. On reconnaissait Meao Sang par sa longue robe blanche couvrant sa silhouette féminine. Elle était admirée pour avoir eu le courage de renoncer à son statut de princesse, à son propre intérêt, pour servir les autres. Son histoire a inspiré la reconnaissance de la Guanyin, la représentation féminine bouddhiste de Bodhisattva Avalokiteśvara, qui à l’origine était une divinité masculine qui progressivement pris la forme d’une divinité féminine en Chine, à travers une longue transition de plusieurs centenaires.

Guanyin, déesse de la compassion, est un symbole important pour toutes les femmes de l’histoire, reconnaissant le dévouement et le service comme un accomplissement important.

Il y a une connection intéressante entre Guanyin et la plante Camellia Sinensis. Elles ont toutes les deux un passé qui était associé/dominé par le symbole masculin, sur plusieurs centenaires. Guanyin et Camellia Sinensis représentent toutes les deux le pouvoir de la Mère, la compassion, l’amour - l’équilibre entre la grâce et la force, la générosité et la résilience.

*Sur cette photo, une Guanyin qui se trouve dans notre espace à thé. Elle porte, à la main, une graine de la plante Camellia Sinensis et un récipient d’eau, contenant les larmes du monde.

Xi Wangmu

Xi Wangmu (Hsi Wang Mu) est l’une des déités féminines les plus anciennes et les plus puissantes de Chine. Elle vit entre ciel et terre, dans un jardin caché dans les nuages, entre les forces du ciel et de la terre. Elle représente la voie éternelle du cycle infini ; de la naissance et de la mort. Elle gouverne le domaine de la mort, ainsi que la force de la vie.

Son nom Xī Wáng Mǔ (西ン母) vient de « Mǔ » pour « Mère » et « Wáng » pour « Souveraine », la « Reine » ou l'Honorable. Mais le terme Wáng Mǔ est généralement utilisé pour « Grand-mère », la mère de toutes les mères.

Elle vit sur la montagne de Jade, et sert de gardienne aux femmes du dao, depuis la nuit des temps. Elle est dévouée à s’occupe du jardin de l’immortalité, offrant des fruits, des fleurs rares, des herbes et potentiellement la plante Camellia Sinensis.

La légende de son histoire raconte qu’elle était autrefois un démon sauvage qui a finalement trouvé l’illumination, pour devenir une déesse et un guide pour les femmes du Dao. Tout comme la plante Camellia Sinensis, elle représente toutes les forces de la création, transportant la voie de la vérité, nous invitant à honorer tout ce qui est. Tout comme la voie du thé, elle nous invite à honorer ce qui a de plus vrai.


 
Hutte de thé japonaise, par Snow Seychelle

Hutte de thé japonaise, par Snow Seychelle

 

Les ancêtres féminins du thé au Japon

Pendant de nombreux siècles, chadō au Japon était réservé qu’aux hommes. Depuis la nuit des temps, la pratique chadō au Japon fait partie d’un long parcours de libération pour les femmes. Pour retracer l’histoire des femmes ancêtres de la pratique du thé au Japon, il faut s’intéresser aux femmes ayant été connectées à l’école de pensées et philosophie Zen, puisque le thé et le Zen partage la même essence. Chadō et la philosophie Zen sont directement liés.

PÉRIODE Heian

Il semble difficile de retracer la présence de femmes liées au chadō au moment de son arrivée au Japon durant la période Heian, en raison de la stricte division et la situation des femmes à l’époque. Toutefois, nous pouvons retracer l’histoire de certaines femmes ayant été liées à la pratique zen, comme prêtresses, ou disciples de moines ayant été responsable de la transmission du thé au Japon. Voici l’histoire de certaines d’entre elles.

Tachibana Kachiko (786-850)

Une impératrice, prêtresse de lignée zen bouddhiste, ayant probablement été connectée à la pratique chadō, en raison de son parcours. Elle est la fondatrice du tout premier temple zen au Japon, qui était situé à l’ouest de Kyoto, le temple Danrin-ji. Elle entra en contacte avec la pratique Chan (Zen) grâce à sa connection avec le moine Kukai, le premier à avoir transmis le thé et le bouddhisme chan (zen), au Japon, au retour d’un voyage en Chine. Il fonda l’école de Bouddhisme Shingon, considérée comme une école de bouddhisme ésotérique fondée sur l’exploration de mantra. Tachibana Kachiko enverra un moine japonais en Chine pour qu’il puisse lui ramener un guide/enseignant pouvant lui transmettre la philosophie chan (zen). On lui enverra le moine Yikung, qui fut le premier abbé du temple Danrin-ji, le temple qu’elle fonda. Le temple sera éventuellement détruit par le feu en 928, mais nous pouvons toutefois éternellement célébrer que le tout premier temple zen du Japon a été fondé par une femme. En raison de sa relation avec le moine Kukai et la philosophie chan (zen), Tachibana Kachiko a probablement été amenée à explorer le thé durant son parcours de vie.

période Kamakura

Shogaku

Elle était prêtresse de la lignée Zen, et membre de la famille de Dōgen Zenji, le fondateur de l’école Zen Sōtō au Japon, et disciple d’Eisai, un moine admiré pour avoir été le premier à apporter des graines de la plante Camellia Sinensis au Japon depuis la Chine, afin que la plante puisse pousser en sol japonais. Shogaku était très probablement liée à la pratique chado, en raison de son lien étroit avec d’importants porteurs de la pratique et de la plante, au Japon, soit Dōgen et Eisai.

Mugai Nyodai (1223-1298)

L’une des femmes les plus importantes de la lignée Rinzai Zen. Fondatrice du temple Keiaiji, le premier sodo pour femmes au Japon. Son histoire d’illumination est célèbre. Elle portait un seau d’eau, peut-être en vu de préparer le thé, quand le fond du seau d’eau se brisa ; à ce moment, elle s’éveilla. En raison de la forte connexion entre la lignée Rinzai Zen et la pratique Chado, il est fort probable que le thé est fait partie de la vie de Mugai Nyodai.

période Muromachi

Eshun (14th century)

Sœur d’un important professeur de la lignée soto, Ryoan Emyo, qui était abbé de Sojiji ainsi que d’autres temples. Refusée d’être ordonnée en raison de sa beauté, elle fit ce que plusieurs femmes de l’époque devaient faire afin de rejoindre la vie monastique ; elle se rasa la tête et brula son visage. Après avoir été ordonnée, elle surpassa tous les moines durant les débats zen. L’une de ses plus célèbres citation était « Pour une personne suivant la voie du zen, le chaud et le froid sont inconnus ». C’était une femme suivant la voie du zen, du tao, et probablement liée à la voie du thé, au courant de son parcours.

période Edo

Certaines des femmes ayant été liées à la pratique chadō pendant la période Edo ont peut-être étudié officiellement avec un professeur. Il est possible que certaines se soit inscrites dans une école pour étudier la pratique, qu’elles aient découvert le thé au sein de leur famille ou simplement à travers des livres. Si nous nous référons à l’art populaire de l’époque, nous remarquons que les femmes étaient représentées dans les rituels du thé. Des femmes qui partageaient le thé ensemble faisaient partie de la culture populaire, soit en peinture ou en littérature. Les geishas, pour des motifs similaires à ceux des courtisanes de la Chine impériale, apprenaient souvent l’art du thé dans le cadre de leur éducation, en guise d’échange avec leur clientèle. Mais la pratique du thé des femmes n’étaient pas au centre des écrits et enseignements de cette période.

Il est reconnu que la seconde épouse du Sen no Rikyū, Sōōn, était liée et familière avec la pratique chadō, mais très peu d’information peut être retrouvé sur le sujet.

Les étudiants de la pratique Chado au Japon éprouvaient un désintérêt pour la pratique du thé des femmes en général, lui donnant une connotation négative, considérant que les femmes n’étaient pas assez sérieuses ou manquaient de « spiritualité ».

Selon Yoshiaki Yamamura, enseignant de la pratique Chado, « la disparition de l’esprit zen est nécessairement une conséquence de la féminisation de la cérémonie du thé ». Beaucoup partageaient la conviction que « la présence des femmes dans la culture du thé causait la dégradation du véritable esprit et des traditions authentiques de la pratique ». C’est pourquoi il semble difficile de trouver un lien direct entre les femmes et la pratique Chado dans l’histoire japonaise…

Soshin (1588-1675)

Elle est née d’une famille d’important samouraïs et a grandit dans un temple Rinzai Zen à Kyoto fondé par son père. Elle enseignant le zen aux femmes de la maison du shogun Tokugawa à Edo (Tokyo), soutenait les érudits confucéens, et avait une influence dans le gouvernement. Elle a étudiée avec le maître Rinzai Takuan Soho, a été ordonnée nonne en 1660 et abbesse du temple Rinzai Saishoji à Edo. Elle avait beaucoup d’étudiantes, et a laissé d’importants écrits zen comme héritage. Elle était probablement liée à la pratique Chado durant son parcours.

Ryonen Gensô (1646-1711)

Prêtresse bouddhiste Rinzai et artiste, fille d’un maître de thé et artiste. Célèbre pour ses réalisations spirituelles et artistiques, Ryonen était connue pour sa beauté et son intelligence. Née d’une famille noble, elle épousa Matsuda Bansu, savant confucéen et médecin. Ensemble ils auront beaucoup d’enfants. Un jour, elle désira une vie monastique, mais sera refusée au monastère, en raison de sa beauté. Déterminée, elle fit comme plusieurs femmes de l’époque, et brula son visage pour ne plus que sa beauté soit une distraction. Puis elle se consacrera à la voie zen, pour le reste de sa vie.

“ Autrefois pour m'amuser à la cour,

je brûlais de l'encens d'orchidées;

Maintenant, pour entrer dans la vie zen, je brûle mon propre visage.

Les quatre saisons passent naturellement comme ça,

Mais je ne sais pas qui je suis au milieu du changement. “

- Ryonen Gensô

Teijitsu (18e siècle)

Directrice du temple Hakuju-an, un temple où les nonnes de la lignée Soto étaient acceptées, notamment celles qui étaient désormais refusées à Eiheiji. Le 18e siècle était une période très difficile pour les femmes, affectées par beaucoup d’interdictions au niveau sociale et politique au Japon. Les femmes monastiques étaient beaucoup moins libre qu’auparavant. Elle est l’une des dernières femmes de l’époque à avoir fait reconnaître son nom. Il y possible que son parcours l’ait amené à découvrir la voie du thé.

période Meiji

Avant cette période, l’histoire du thé au Japon était dominée par des hommes ; souvent de riches marchands ou des guerriers au service de dirigeants militaires et politiques.

C’est pendant l’ère Meiji que les femmes ont commencé à apparaître davantage dans l’histoire du thé.

À titre d’exemple, l’école Urasenke n’a été ouverte aux femmes qu’à la fin du XIXe siècle, après la restauration Meiji. Mais encore, pour obtenir une position importante et être reconnu comme “porteuse” d’une lignée de thé japonais comme Urasenke ou Omotesenke (deux importantes lignées de l’héritage de Sen No Rikyu, il s’agit généralement d’une transmission héréditaire et transmis à travers un système patrilinéaire.

Pendant l’ère Meiji, la pratique chanoyu (la cérémonie du thé japonaise) a été ajoutée aux programmes d’enseignement des écoles pour femmes, comme un moyen d’enseigner les “bonnes manières” et l’esthétisme aux jeunes femmes. Il y avait des variations dans la façon dont Temae (procédures de thé) étaient enseignées aux femmes et aux hommes dans les écoles. Dans les écoles pour femmes, les procédures étaient généralement très « féminisées » et le programme était davantage concentré sur la forme, plutôt que sur l’essence de la pratique…

Aujourd’hui, même si les femmes représentent la majorité dans l’univers du thé au Japon, elles ne sont généralement pas en mesure d’occuper des postes d’autorité au sein des écoles de thé. Les femmes sont généralement encore marginalisées dans les institutions de la culture du thé, incapables d’accéder à des postes de direction ou d’être reconnues comme des leaders. Leur présence dans la littérature sur la culture du thé reste généralement invisible. La plupart des étudiants de la culture du thé au Japon ne perçoivent pas la pratique et l’histoire des femmes comme “un sujet intéressant à explorer”, peut-être en raison du manque d’informations sur la présence des femmes dans l’histoire du thé.

En apportant notre attention sur la présence des femmes dans l’histoire du thé au Japon, nous sommes rappelés de l’importance d’explorer au-delà des formalités. Nous remarquons que le thé et la pratique Chanoyu était une voie de libération des femmes au Japon. Il s’agissait d’un moyen pour les femmes de sortir du rôle de la « femme au foyer ». Les connaissances acquises grâce à la pratique chado / chanoyu, étaient un moyen d’élever le statut social. Chado (la voie du thé) et Chanoyu (la cérémonie du thé) était un mode de vie artistique et culturel important.

Rengetsu

Enfant illégitime d’une geisha et d’un samouraï, qui a été adopté par le prêtre d’un temple. En tant que femme, elle n’était pas en mesure d’hériter du temple, mais sa pratique et sa formation était de très haut niveau. Elle a été reconnue pour sa pratique de la calligraphie, de la poterie et du jujitsu. Elle a été refusée à la vie monastique en raison de sa beauté. Elle brula alors son visage pour renoncer à sa beauté afin d’être acceptée dans le monastère et de se consacrée à la voie zen.

Kojima Kendo (1898-1995)

Militante, prêtresse et dirigeante de l’Organisation des nonnes de la lignée Soto-shu, elle consacra sa vie à l’égalité des femmes dans l’univers monastique au Japon. Son dévouement pour la cause de l’égalité permis éventuellement aux femmes d’enseigner à nouveau de façon indépendante. Elle a également fait partie de différentes organisations bouddhistes internationales, représentant les intérêts des femmes bouddhistes à travers le monde.

Mitsu Suzuki (20th century)

Elle était une porteuse de la voie du thé. Épouse de Shunryu Suzuki Roshi, Mitsu Suzuki a dédiée sa vie à la voie du zen et la voie du thé. Elle enseignait la voie du thé et le Chanoyu (Cérémonie du thé Japonaise) au Zen Center à San Francisco, un centre fondé par son mari. Je vous recommande d’explorer son livre “ A White Tea Bowl “.

Kaoru Nakai (Nakai Sensei)

Instructrice certifié de la cérémonie du thé de lignée Urasenke, de la cérémonie Furyuu Sencha et de l’arrangement floral Chikusenryu. Elle est aujourd’hui associée au temple bouddhiste Senryū-ji à Kyoto, ou elle enseigne. Elle offre son style de cérémonie Senchado pour la famille impériale lors d’occasions spéciales.


 
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L’histoire des femmes du thé aujourd’hui


En Chine et au Japon aujourd’hui, beaucoup de femmes ont découvert le thé par elle même, et très souvent la pratique leur a été transmise par les parents et membres de la famille. La pratique du thé, soit le Gong fu cha, le Senchado ou le Chanoyu, fait partie de rituels traditionnels permettant de célébrer différentes occasions, comme le nouvel an et le changement des saisons, ou il est d’usage de visiter les grand-parents et d’offrir le thé. Parfois, le thé est enseigné à travers l’exploration d’art martiaux ou autres pratiques Taoïstes. Comme il était rare de trouver des enseignantes femmes de la pratique du thé dans les temps anciens, la plupart des femmes en Chine et au Japon ont étudié l’art du thé auprès de membres de leur famille.

Dans cette section, je partage l’histoires de certaines femmes de lignées Chinoises et Japonaises avec lesquelles j’ai l’honneur d’explorer la voie du thé.

 
Jade & Marissa, Yunnan, China, 2015

Jade & Marissa, Yunnan, China, 2015

 

Marissa

Ce fut un plaisir et honneur de rencontrer Marissa, au coeur de la région de l’ancienne forêt d’arbres de thé de Lincang, à l’ouest de la province du Yunnan, en Chine. Marissa a étudié le thé avec son père. Elle a eu l’occasion d’étudier l’anglais à l’étranger, puis est retournée en Chine pour aider la ferme et production de thé de sa famille. J’ai eu la chance d’étudier le Gong fu cha avec elle, ainsi que d’explorer les arbres à thé les plus anciens, originaires de la région où se trouve la production de thé de sa famille, à Fengqing, en Chine. Elle m’a présenté l’arbre-Mère, considéré comme un(e) ancêtre de plus de 3500 ans. Nous nous sommes assise ensemble près de l’arbre, avons explorées l’une des forêt les plus anciennes, entourées d’arbres anciens de Camellia Taliensis, avons partagés de nombreux repas ensemble ainsi que de nombreuses tasses de thé, principalement du pu’er et thé rouge.

Le thé préféré de Marissa est le Dianhong cha (thé rouge de la province du Yunnan) que sa famille produit.


KEIRA

J'ai rencontré Keira alors que j’habitais à Vancouver, au Canada, il y a de nombreuses années. Sa pratique du thé a immédiatement résonné. Elle reconnaît la sagesse élémentaire du thé dans son enseignement. Il est rare à l’époque de rencontrer une personne qui connectait avec l’expérience du thé de cette façon, comme une plante alliée nous rappelant la sagesse élémentaire de la nature à travers l’expérience.

Keira est née à Wuzhou, en Chine. Elle a étudié le thé dans la province de Fujian, en Chine et à Taiwan à l’université, principalement avec des hommes.

Dans ses propres mots : « le thé rassemble les gens».

Elle croit aussi que « les femmes comprennent mieux l'esprit du thé, servant le thé avec grâce et une relation plus sensible à l’énergie ». Elle ajoute « les hommes abordent le thé de manière plus technique, capable d’éveiller tout le potentiel du thé ». Keira a étudié le thé avec des enseignants et des chercheurs de l’université. Sa pratique est une fusion d’approche sensible et spirituelle, ainsi qu'une approche très structurée et technique.

Son thé préféré est le Hangzhou Lu Cha (thé vert de la province de Zhejiang).


 
Duo Duo, harvesting leaves at her family’s tea farm, in Fujian, China

Duo Duo, harvesting leaves at her family’s tea farm, in Fujian, China

 

Duo Duo

Les connaissances et l'expérience de Duo Duo sont incroyablement vastes. Elle vit à Pékin et travaille dans la ferme de thé de sa famille dans la province du Fujian depuis 15 ans, où elle participe à la récolte des feuilles de thé et à la production du thé. Sa relation avec la plante Camellia Sinensis, dès son plus jeune âge, lui a permis de se connecter avec la pratique et de l’explorer par elle même. Comme beaucoup de femmes de sa génération qui ont grandi avec un lien fort avec la plante, la plante elle-même devient l'enseignante. Duo Duo a non seulement un lien fort avec la plante, le rituel du Gong fu cha, la céramique et les outils pour la pratique, mais aussi avec l'histoire des femmes ancêtres du thé. Je suis reconnaissante pour les nombreuses histoires qu'elle a partagées avec moi, me permettant de mieux comprendre la situation des femmes dans l’univers du thé.

Son thé préféré est le bai cha (thé blanc) que sa famille produit dans leur ferme de la province du Fujian.


 
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Joy

Joy enseigne la voie du thé depuis 8 ans dans son espace thé, situé à Shenzhen, Guangdong, Chine. Son enseignement est principalement axé sur l’art du Gongfu cha.

Il y a de nombreuses années, par un jour de pluie, elle rendait visite à une vieille amie qui lui offrit du thé. Ils partagèrent le thé en silence, sous forme de méditation. Elle ressentie un lien fort avec la plante, et décidera d’étudier et d’explorer la pratique.

En ses propres mots (traduits du mandarin au français) …

« Camellia Sinensis est l’une des plantes avec la plus grande vibration, qui puisse être trouvé dans la Nature. L’action de goûter le thé et d’être présent au thé peut nous faire revenir à notre propre cœur. De sentir les arômes, de ressentir l’énergie du thé se déplaçant dans le corps, de recevoir les informations de cette plante, la voie de la nature. Quand le thé entre dans la bouche, le goût, le souffle qu’il vous invite à prendre, les gestes, l’expression des outils et des récipients utilisés pour faire le thé, l’eau - tout cela nous invite à entrer en connexion avec la voie du thé. C’est un contenant, un rituel nous donnant un espace d’exploration illimité. "

Le thé préféré de Joy est tout bon gushu sheng pu’er ancient.


Noriko

J'ai eu l'occasion de découvrir Noriko alors que je travaillais chez O5 à Vancouver, il y a de nombreuses années, avant de fonder WAOTEA. Noriko est porteuse de la lignée Urasenke, l’une des lignées de cérémonie du thé la plus importante au Japon. Elle a reçu la transmission de cette pratique par sa mère, qui a eu la chance de pouvoir accéder à un poste et titre important à l’école Urasenke, ce qui est très rare pour les femmes, même aujourd'hui. Ses connaissances et son expérience sont très riches et vastes. S’il vous arrive de visiter Vancouver, je vous recommande vivement de prendre un moment pour vous rencontrer Noriko.


 
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YUNNAN, terre de tribus matriarcales

Le Yunnan, où la plante Camellia Sinensis a été découverte pour la première fois, il y a des millénaires, abrite de nombreuses tribus ou communautés autonomes et indépendantes, ayant préservé leurs coutumes, leur culture, leur langue et leurs opinions sociales depuis la nuit des temps. Ayant reçu la bénédiction de l'isolement, les tribus de la province du Yunnan ont été protégées de l'assimilation du reste de la Chine. La plupart des tribus du Yunnan fonctionnent comme les temps anciens, sous une structure matriarcale.

Il y a de nombreuses années, alors que je vivais au Yunnan, j'ai eu la chance de passer du temps dans les régions autonomes des communautés Dai, Hani et Yi. Il semblerait que le peuple Hani a été parmi les premiers habitants du Yunnan à produire du pu’er cha durant l’Antiquité. Le peuple Hani, tout comme leur descendant, le peuple Yi, porte la lignée ancestrale du peuple Qiang, originaire du Tibet. Le peuple Yi a créa l'empire Nanzhao au Yunnan pendant la dynastie Tang (7-10 siècles) et ont développa leur système économique à partir des échanges le long de la route du thé (Chamadao).

« Hani » signifie « femmes fortes et féroces ». Et comme toutes les tribus d'origine tibétaine, elles ont une structure matriarcale. La religion du peuple Hani est basée sur l’honneur des forces de la nature. Ils considèrent l'existence d'âmes et d’éléments de la Nature, qu'ils appellent « Yuela ». L'une de leurs traditions est de réciter le noms de leurs ancêtres Hani, de la première famille Hani jusqu'à eux, afin qu'ils puissent toujours se souvenir et honorer leur origine.

Les femmes du peuple Hani sont des porteuses importes de la plante Camellia Sinensis.

D'autres tribus du Yunnan, comme les Mosuo, suivent également un mode de vie matriarcal.


La danse de l’Eau et des Feuilles

水 茶葉

Ce rituel du thé est partagé en l’honneur de toutes ces femmes ayant participé à la transmission de la danse de l’eau et des feuilles à travers l’histoire…


PAQUET DE THÉ DU COURS

Pour ce chapitre, nous explorons Muladhara Shu Pu’er, un thé Pu'er mûr récolté en 2006 dans les montagnes de la région de Menghai, province du Yunnan, au sud de la Chine.

C'est une invitation à se souvenir de la sagesse de la voie de la Nature. Une invitation à s'asseoir avec respect, patience et compassion. Une invitation à honorer l'espace sacré de la présence. Ce thé porte la sagesse de la Terre, associé à la sympathie et à l'empathie, pour soi même et pour tous les êtres de cette terre. Ce thé offre une expérience apaisante et réconfortante.

The Way of Tea Course

CONTENT

 

Chapter 1

The story of Tea

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Chapter 2

Theory of Chapter 2

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Chapter 3

Theory of Chapter 3

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Chapter 4

Gong Fu Cha Theory

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Chapter 5

Theory of Japanese Tea History

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Chapter 6

Creating your Tea Offering

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